Can't make the same mistake this time — ft. Lucy Pevensie

can't make the same mistake this time

ft. @Lucy Pevensie

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Le temps lui semble si long avant la naissance de son enfant. Sa main sur son ventre, Rhaenyra songe qu’il ne lui reste moins d’une lune avant la naissance et comme pour chacune de ses grossesses précédentes, les dernières semaines lui semblent plus longues que les huit lunes précédentes. Cette fois, elle espère une fille. Elle a déjà donné la vie à cinq fils, Jacaerys, Lucerys, Joffrey, Aegon et Viserys. Alors elle aimerait une fille, une qu’elle puisse chérir différemment de ses fils, à qui elle puisse apprendre à survivre dans un monde bien cruel pour les femmes mais un peu moins pour les princesses.

Depuis longtemps, elle sait comment elle veut nommer sa première fille : Visenya. Plus jeune, elle avait déjà dit à sa mère que c’était ainsi qu’elle voulait que soit nommée sa petite sœur. Elle n’en avait jamais eu. Juste un frère, Baelon, qui avait emporté sa mère dans la tombe et n’avait vécu qu’une journée.

Si le temps lui semble long, c’est parce qu’elle sait qu’elle est proche de l’accouchement mais aussi parce que plus elle en approche, plus la grossesse la fatigue. Elle n’en montre rien, elle reste fière comme elle n’a toujours été et d’autant plus face à Alicent. Elles devraient être capable de mettre de côté leurs désaccords et peut-être qu’avec le temps, elles parviendront à retrouver l’amitié qui les unissaient autrefois mais c’est encore trop tôt. Rhaenyra ne peut oublier les nombreuses années de rivalité qui les ont éloigné. Elle ne peut oublier que le monde les a forgé ainsi. Enfants, elles étaient pourtant si proches et la princesse n’avait pas eu d’amie plus fidèle qu’Alicent Hightower. Mais dès l’instant où elle avait épousé son père, une demi-année après la mort de sa mère, dès l’instant où elle lui avait donné des fils, un immense fossé s’était creusé entre elles et malgré leurs tentatives de se rejoindre, elles n’étaient parvenues qu’à s’éloigner un peu plus.
A ces pensées, sa main dévie vers son bras où elle porte une large cicatrice qu’Alicent lui a fait lorsque Lucerys avait pris l’œil de son fils, le prince Aemond et que Rhaenyra avait tenté d’empêcher Alicent de se venger en prenant l’œil de Lucerys en échange. Le poignard avait écorché sa peau et depuis, elle en porte une marque qui ne guérira jamais.

À travers la fenêtre de sa chambre, la princesse observe Cair Paravel. Cette ville l’intrigue. Alicent lui a raconté une chose fort curieuse. Auparavant, elle était gouvernée par deux reines et deux rois. Des frères et sœurs qui régnaient ensemble. Rhaenyra est familière des mariages entre frère et sœur pour garder le sang pur, le sang de l’ancienne Valyrien, le sang des dragons. Son père et sa mère étaient cousins, ses grands-parents étaient frères et sœurs. Aegon le Conquérant avait épousé sa sœur Rhaenys et donné naissance à Aenys, de son mariage avec Alyssa Velaryon, ils avaient eu Jaehaerys et Alysanne qui s’étaient mariés pour donné naissance à Baelor et Alyssa, leur mariage avait donné son père, Viserys. Et son oncle, Daemon. Un oncle qu’elle avait épousé en seconde noce, après la mort de son cousin et premier époux, Laenor Velaryon.
Mais pourtant, aucun de ses ancêtres n’avaient songé à partager le pouvoir avec le reste de sa fratrie.

Un ombre passe au-dessus de Cair Paravel et la sort de ses songes, Syrax, sa dragonne aux écailles jaunes, survole la ville avant de s’éloigner. Depuis qu’elle est arrivée, Rhaenyra la laisse libre d’explorer les environs. Elle sait, grâce au lien qu’elle partage, que sa dragonne reviendra auprès d’elle lorsqu’elle en aura besoin.
Ses doigts cessent de caresser sa cicatrice et elle retourne vers sa coiffeuse où elle noue ses cheveux d’argent en une tresse qu’elle fait retomber sur son épaule avant d’assortir sa robe à quelques bijoux. Elle refuse de paraître fatiguée ou négligée. Qu’importe la douleur dans son dos, la fatigue mentale et physique liée à la grossesse. Elle en a connu cinq autres et ce n’est pas maintenant qu’elle se laissera abattre.

Quittant sa chambre, la princesse traverse les couloirs du château et descend lentement les escaliers, comme elle le peut avec son ventre imposant qu'elle tente pourtant d'amenuiser avec une robe ample. Elle a besoin de prendre l'air. Rester enfermée toute la journée à attendre la naissance de son enfant ne lui apportera rien. Alors elle se dirige vers l'un des balcons du lieu, cela lui évite d'aller jusque dans la cour et d'y rencontrer de nombreuses personnes, trop de personnes à ses yeux. Elle a l'habitude d'être entourée mais elle a besoin de temps, depuis qu'elle a saisi cet éclat de miroir et qu'elle est arrivée ici, elle a tout perdu. Son royaume, ses enfants, son époux, sa famille. Et elle a appris de la bouche d'Alicent que son père est mort. Il lui faut un peu de temps.
Rhaenyra se croit seule mais elle est vite rejointe par une jeune femme qui porte la couronne. Elle l'observe un instant avant d'incliner un peu la tête.

« — Reine Lucy. C'est un honneur de faire votre connaissance, Lady Alicent m'a parlé de vous. Je suis la princesse Rhaenyra Targaryen. »

En réalité, elle n'est plus princesse d'aucun lieu mais elle refuse, par fierté, d'abandonner ce titre.

(c) oxymort