What are you doing here ? + ft. Osamu Dazai

Souffrance... Le rouquin avait terminé en très, très mauvais état après son interaction avec le blond aux explosions. Une jambe brisée, actuellement plâtrée, des côtes explosées - sans jeu de mot pourri - et qui se rappelaient à lui même lorsqu'il respirait. Le dos ? Lui aussi avait bien souffert... En fait, Chûya se demandait si une seule partie de son corps n'avait pas été touchée, meurtrie... Il en avait carrément découvert des zones. Un râle, le regard se perdant vers la fenêtre.

Il voulait sortir... Il voulait...

Mais il se doutait que l'échec ne passerait pas pour Dazai. Il se doutait qu'il allait en prendre pour son grade et pas qu'un peu. Un souffle. Peut-être aurait-il dû y laisser sa peau, tout simplement plutôt que naturellement se battre pour vivre ? De toute façon, même s'il savait où il se trouvait, est-ce qu'il viendrait ? Le rouquin ne se faisait pas d'illusions. Il n'était rien de plus qu'un partenaire obligatoire pour le brun. Rien de plus. Sa présence n'était rien de plus qu'une gêne la plupart du temps, il n'était utile que parce qu'il avait cette "force", son pouvoir, ses poings...

C'était douloureux, pour son coeur, même s'il ne le disait pas, même s'il le cachait tout simplement. Se dire que l'on était rien aux yeux de celui avec qui vous étiez en colocation obligatoire n'était pas simple... Et puis... Il était bloqué à New York, pourquoi Dazai viendrait dans le coin alors qu'il se trouvait à Night City ? Qu'il avait à faire ? Que le cerveau pouvait encore prouver aux muscles sa supériorité ? Que ce soit par rapport aux événements ou au pari, Chûya ne se faisait pas d'illusions.

L'un de ses poings se serrait sur la couverture. Il s'énervait, naturellement. Tout ça lui tapait sur les nerfs... Tout ça le rendait purement et simplement dingue, la solitude le gagnant encore plus. Chaque jour, celui doutant de son humanité à certains moments souffrait intérieurement - et physiquement lorsqu'il en faisait à sa tête - en se demandant que faire.

Avant de percevoir un son, le roux soufflant. Il voulait avoir la paix. Les yeux grisés suivirent le mouvement de la tête, le japonais ouvrant la bouche...

"QU'est-ce qu'vous... D-Dazai ?! T'fous quoi ici ?!"

La surprise. Oui. Une surprise pure... En plus de sentir son estomac se tordre. Quels seraient les événements à venir sur le coup ? Il n'en savait rien et connaissait suffisamment le brun pour savoir que pas mal de choses étaient possibles.

Si, au départ, le brun s'était complètement désintéressé du non-retour du rouquin, les jours et les semaines avaient commencé à paraître longues. Les nuits se passaient sans qu'il ne vienne râler à l'entrée de l'appartement, les journées défilaient et personne ne l'arrêtait dans ses folies de suicide où il posait ce canon contre la tempe, jouant tout simplement avec le destin. Petit à petit, le doute naissait dans son esprit et le Mafieux se rendait compte qu'il y avait un problème. Ce n'était pas normal et, jamais, Chûya ne l'aurait trahi. Que du contraire ! Il était un chien bien trop obéissant que pour se détourner de son devoir et de ses obligations. Oui, Chûya avait des défauts - énormément, pouvait-il préciser -. Mais il avait cette saleté : cette loyauté envers la Mafia, envers le brun. Dazai avait commencé à chercher après le jeune homme, fouillant les registres qu'il pouvait atteindre depuis son ordinateur, fouillant les caméras de surveillance. Un travail long et fastidieux. Un travail éreintant pour le flemmard qu'il était et serait toujours mais un travail qu'il accomplissait tout de même.

Il parvenait, au final, à trouver des vidéos montrant un combat : celui entre un blondinet explosif et un rouquin un peu trop arrogant. Un rouquin complètement fou. Un rouquin qui finissait en un bien triste état, des peu de vidéos que le brun arrivait à trouver. Idiot. Débile. Tous les défauts passaient dans l'esprit du brun et il ne savait pas comment l'appeler autrement que par ces petits noms d'oiseau. Il avait échoué, il avait réussi à perdre ! Réussir à perdre ! Quelle idiotie ! Dazai avait continué ses recherches jusqu'à trouver où se reposait cet incapable de roux... Cet incapable... Cet idiot... Pourtant, au milieu de cette colère, c'était l'inquiétude qui gangrénait aussi l'estomac de ce jeune homme, ne pouvant être aussi sombre qu'il ne le croyait. Chûya avait cette place au sein de son coeur, cette place unique : celle d'être son partenaire. Celle d'être celui avec qui il n'avait pas besoin de parler, tout était naturel entre eux. Il décidait, l'autre agissait. C'était ainsi. Ils étaient un tout. Un ensemble de deux êtres formant une seule et même entité.

C'était pour ça qu'il se rendait à l'hôpital, qu'il passait entre les infirmiers, qu'il évitait d'écouter le moindre ordre parvenant par ces êtres. Il évitait de penser à cette douleur, de penser à cette colère... Tout se mêlait en lui et il se laissait, au final, guider par des instincts qu'il aurait sûrement dû dompter avant de les écouter.

Il entrait dans la chambre sans même s'annoncer, une moue désapprobatrice se révélant sur son visage quand son regard rouge se posait sur le corps recouvert de bandages du roux :

"Je viens voir ce que mon chien a fait comme bêtise. Tu pensais réellement pouvoir finir dans un tel état, faire le mort et revenir la queue frétillant de bonheur comme si de rien était quand tu irais mieux ? claquait-il, ses mots frappant l'air aussi fort que le son de sa langue tapant son palais. Es-tu devenu si faible que ça qu'un simple gamin arrive à te mettre dans un tel état ?"

Il était mal. Il le savait... Il... Bon sang, dans quel pétrin est-ce qu'il se trouvait ? Pourquoi fallait-il qu'il ait cette discussion maintenant ? Pourquoi... Pourquoi s'attendait-il à tout avec lui ? Un grognement en entendant le chien, un frisson parcourant son échine par rapport au ton employé. N'importe qui se sentirait mal face au brun dans un tel moment, n'importe qui serait en train de se demander ce qu'il aurait à subir, quelle souffrance serait ressentie... Pourtant le rouquin pris sur lui, portant son regard bleu sur son cadet, ce regard parlant bien trop à sa place la majeure partie du temps.

Sérieusement, il ne pouvait pas prévoir que cet idiot de blond faisait des explosions. Il ne pouvait pas prévoir qu'ils finiraient tous deux dans des états lamentables - en vie, mais lamentables - et que son partenaire finirait par se ramener. Oui. ça c'était une réelle surprise. Depuis quand Dazai se ramenait à l'hôpital pour quelqu'un ? Surtout pour lui qui n'était... Rien.

"T'penses vraiment qu'j'aurais été heureux d'revenir après un tel événement ?!"

Cette rage, sourde, grandissant... Il n'était vu que comme un chien... Rien de plus, rien de moins. Il n'était et ne serait rien de plus pour lui, jamais. Rien qu'un fardeau au fond. Un fardeau qui avait été vaincu, qui avait senti ses os se briser sous les explosions. Oh... Il aurait pu y aller plus fort, mais dans ce cas il n'y aurait tout simplement plus rien eu. Lui-même serait mort.

"T'm'excuseras d'avoir un pouvoir qu'fait rien sur certains trucs hein ! La gravité ça fait que dalle sur les explosions alors ouais, j'ai tenté d'faire c'que j'pouvais avec l'reste ! Puis c'gamin comme tu dis, l'était habitué à s'battre aussi."

Rage... Cette rage bien présente depuis quelque temps... Mêlé à la crainte de ce qu'il pourrait se passer, de la colère qui lui retomberait dessus. Il le savait. Il ne le savait que trop bien... Sauf qu'il ne gérait absolument plus actuellement, que le rougeoiement lié à son pouvoir apparaissait, faisait flotter le lit, le matériel médical. Heureusement qu'Arahabaki restait gérable, ne pointait pas le bout de son nez soudainement... La mâchoire se serrait un peu plus, le bleu vrillant vers un gris.

"Et j'suis toujours pas ton p'tain d'chien ! Si t'es v'nu juste pour ça, c'bon, j'en avais pas b'soin et je saurais gérer après."

Connu comme colérique, impulsif... Son état n'arrangeait rien, absolument rien. Malgré ses blessures, cela se percevait aisément à la posture qui changeait dans le lit, au gris du regard, au pouvoir qui... qui vivait actuellement sa vie. Rien que le timbre de voix... Mais jamais il ne ferait le plaisir à Dazai de montrer qu'il pouvait avoir peur, jamais il ne tomberait aussi bas, même s'il devait souffrir, encore et encore. Même s'il devait rester à l'état de... rien de plus qu'un clébard pour lui. Être mis à l'écart, s'en prendre plein la figure. Jamais. Jamais cela n'arriverait. Et il aurait préféré éviter que cet abruti le voie dans un tel état...