for a thousand years → ft. Inupi

Les yeux lourds, le corps fatigué, les bandages encore présents sur son visage suite à la rixe face aux cinq malfrats de bas étage. Mais Kokonoi devait travailler. Il devait aller aux cours, prendre note, prendre, tout simplement, sa vie en mains, même si Inupi n'était pas là, même si son ami n'était pas présent parmi eux... Il avait, finalement, accepté de prendre un verre avec certains membres de sa faculté. À contrecœur mais il se disait qu'il ne devait pas être un simple fantôme, errant dans les auditoires et s'exilant dès qu'il était l'heure de s'en aller. Il devait se sociabiliser même si cela lui demandait beaucoup d'efforts. Il était un chat : il n'aimait pas le contact social, le contact avec les autres... Là où Inupi était souvent comparé à un chien - voire, un chiot - : il était le plus sociable, le plus ouvert aux autres. Entre le chat noir et le golden retriever, il était facile de savoir qui aurait eu facile, ici, seul, dans cet endroit et pourquoi celui présent, avait tendance à feuler dès qu'on l'approchait de trop. Alors, pour une fois, le gros chat au sale caractère avait accepté de sortir. Mais il regrettait déjà, assis à une table, le coude posé sur le bois et la tête sur la paume de sa main : pourquoi avait-il dit oui ?! Ils étaient : idiots, limités, grossiers, impolis, irrespectueux, horriblement ennuyants...

Il aurait voulu avoir son ami, avoir son blond à ses côtés... Kokonoi n'avait été sociable que parce que l'on venait lui parler d'argent, c'étaient des relations commerciales. Ce qui l'avait dégoûté des gens dans leur intégralité - exception faite du chiot blond - et cette soirée n'allait pas lui faire changer d'avis, oh non... Ces imbéciles ne faisaient que lui rappeler pourquoi il n'aimait pas passer son temps dans la plèbe : ils ne valaient rien et son temps était gâché auprès d'eux. Le noiraud soupirait quand un de ses compagnons se trouvait marrant, à l'ennuyer en lui demandant s'il avait une copine. La réponse de Kokonoi ? Les épaules se haussaient, simplement. Ni un oui, ni un non. Il s'en fichait. Tout ce qu'il voulait, c'était retrouver son ami. Retrouver Inupi et, enfin, passer de vraies soirées intéressantes ! Et pas subir les conversations volant au niveau du sol...

"Je vais me rechercher un verre."

En fait, non, il utilisait cette excuse pour s'enfuir et rentrer chez lui : il avait sommeil et il fallait changer les bandages, surtout celui de son nez. La veste dans sa main, il se faufilait entre les gens avant de foncer dans un dos, grognant et s'excusant rapidement avant de voir le jeune homme se tourner et afficher ce visage impassible que le chat noir avait connu : Inupi ! Il était sûr que c'était lui ! Il ne pouvait pas se tromper ! Le blond avait cette brûlure !

"Inupi ! Franchement, il faut que je subisse une soirée avec des imbéciles pour qu'enfin, tu montres ton museau ?! grognait-il, faussement - ou pas ? - exaspéré."

Au moins, il était là. Au moins, il était à ses côtés ! Enfin ! Enfin, le blond avait daigné montrer sa petite tête d'imbécile ! Le noiraud fixait les talons de son ami :

"Jolis les talons, ils viennent d'où ? Chez nous ou d'ici ?"

Le blond était arrivé soudainement ici, tellement soudainement qu'il était encore totalement per-du. Ce qu'il faisait dans le coin ? Il se baladait, juste, comme si de rien était et espérait retrouver des têtes connues plutôt que de rester seul... Ce qu'il désirait réellement ? Retrouver un certain noiraud, mais était-il ici ? En ces lieux pour le moins...

Un râle, Inui passait une main dans sa tignasse blonde avant de sentir qu'on lui fonçait dedans. Naturellement, il se tournait, sa moue habituelle, neutre sur le visage. Impossible de savoir en le voyant ainsi qu'il était en réalité sociable, que le chiot était réellement celui qui n'allait pas aboyer sur tout le monde, mais le ferait pour protéger ceux comptant pour lui.

Les sourcils se froncèrent quelques instants et même pas le temps de parler que le noiraud commençait à parler. Il ne pouvait donc pas se tromper : C'était bien Koko, là, devant lui... A lui tomber dessus en grognant parce qu'il apparaissait seulement. La tête se penchait sur le côté, tel l'adorable le chiot qu'il était avant d'entendre la remarque sur les talons.

"Moi aussi, je suis content de te retrouver quant aux talons, je les ai achetés récemment."

Pragmatique, il répondait simplement à son ami, à cet homme qu'il avait côtoyé des années durant, qu'il avait enfin retrouvé réellement lors de ce combat avant de... finir ici. Il le regardait de bas en haut, naturellement. Il n'avait pas changé, il était resté lui-même et le blond percevait la veste, comprenant aisément que le noiraud filait. Un léger souffle, une main attrapait doucement celle qui était libre de celui qui faisait en réalité battre son coeur avant de l'emmener derrière lui sans aucun problème jusqu'à l'extérieur des lieux.

"Tu voulais sortir, non ? Ce sera plus aisé pour parler, sauf si tu préfères retourner près de ceux avec qui tu étais ?"

Il n'était pas non plus idiot au vu des mots employés. Koko n'était pas seul, il était venu avec d'autres êtres... Mais une part d'Inupi voulait être égoïste, surtout qu'il le retrouvait enfin, qu'il avait enfin le noiraud à nouveau près de lui. Il restait humain, comme n'importe qui... Et le chiot était juste heureux de retrouver le chat noir.

Le chat avait retrouvé son chiot et c'était tout ce qui comptait, actuellement, pour le noiraud. Inupi était là ! Enfin ! Et il en avait mis du temps pour apparaître ! Il voulait quoi ? Que Kokonoi se meurt sous les obligations sociales ? C'était ça son but : le torturer ? Le torturer socialement ? Méchant chiot !

"Joli ! Il me semblait bien que tu ne les avais pas, chez nous."

En plus d'être déjà plus grand que lui, le blond trouvait toujours intéressant de se rendre encore plus grand. De quoi faire feuler intérieurement le noiraud qui... Se sentait petit. Surtout selon la taille et la hauteur des talons en question ! Le chaton eut un instant de flottement en sentant la main du blondinet qui, au final, le tirait en dehors de ce lieu bien trop bondé.

"Espèce de golden retriever possessif ! sifflait en souriant le japonais."

Oui, il voulait partir mais il était bien trop tentant de taquiner son ami. Son ami... Ami, hein ? Le noiraud n'était plus aveuglé par les sentiments faussés d'un enfant ayant grandi dans un environnement rejetant l'idée même de l'homosexualité. Il n'était plus floué par cette rancoeur et cette culpabilité de ne pas avoir su sauver Akane. Celui de ne plus avoir de but dans la vie, à part d'observer Inupi dans le chemin de la Lumière... Le blond était plus qu'un ami dans le coeur du chat mais, si trahir le Kanto Manjikai était facile, parler de ses sentiments... C'était une autre paire de manches. Il n'était plus l'enfant hurlant et riant qu'un jour, il allait se marier avec Akane, sans savoir que c'était le petit frère qu'il voulait. Petit frère qu'il avait sauvé des flammes...

"Je suis allé chez Draken, tu n'y étais pas ! Tu viens seulement d'arriver ? Ou tu voulais faire profil bas auprès de tous ?"

Puis, la réalisation : chez eux, Draken était mort.

"Ah euh, ouais. Draken est en vie. Et il est bien plus vieux que nous... Il vit avec Emma, la soeur à Mikey et ils ont un gosse. Bref, tout un bordel mais comme ça, tu le sais : Draken est en vie."

Une pointe de jalousie : Draken n'était pas le sujet ! Ça devrait être eux mais il savait qu'en ayant parlé du noiraud... Eh bien, le blondinet ne parlerait plus que de lui. Chaton pas content, chaton faisant la moue. Chaton boudeur. Bien, ce n'était pas ainsi qu'on confessait ses sentiments, hein, Kokonoi ! C'était autrement ! Pas en parlant de celui qui était mort pour l'esprit collectif !

"Tu connais toutes mes chaussures ?"

Curiosité, naturelle, parce qu'Inupi en avait des paires de talons et en portait de manière quotidienne. Le regard des autres ? Il s'en fichait. Totalement. La raison ayant fait qu'il s'était mis à en porter ? Inconnue et il était juste bien dedans, alors pourquoi mettrait-il autre chose ? Enfin, ça lui arrivait - lorsqu'il conduisait sa moto par exemple -, mais la majeure partie du temps, c'était de telles chaussures qu'il avait aux pieds.

Sauf que là, les tenues vestimentaires étaient le cadet de ses soucis, il gardait la main du noiraud dans la sienne, se faufilant dans la foule, l'emmenant avec lui. Entendant la remarque. Il tournait la tête vers lui, un léger sourire sur les lèvres... Ces sourires qu'il n'avait en réalité que pour le plus petit des deux.

"Et si je l'étais vraiment qu'est-ce que cela te ferait ?"

Là où il était traité de golden retriever, Seishu voyait un chaton tout noir pour son ami même s'il ne le disait pas tout haut, ne s'arrêtant que lorsqu'ils furent loin de la foule, loin de tout ceux qui n'étaient que des inconnus pour le blondinet. Les mots continuaient, il l'écoutait, hochait la tête à certains moments, la penchait à d'autres. Perplexe... Draken ? Comment pouvait-il... Il était bel et bien mort chez eux... La main relâchait sa poigne de celle de son ami, le visage montrant clairement son incrédulité sur le moment.

Expressif avec le chaton, voilà ce qu'était le chiot.

"- Comment ça, vivant ? Comment est-ce que c'est possible ? Qu'est-ce qu'il devient ? Et non, je ne voulais pas ne pas être sous les radars. J'étais juste totalement perdu. Toi par contre, tu as réussi à refaire ta vie on dirait."

Il ne quittait pas du regard celui qu'il avait tiré, sa main voulant déjà reprendre celle de ce dernier, mais ne le faisant pas. Comment le prendrait-il après tout ? S'il avait été, réellement, un toutou sa queue serait en train de remuer de tout côté. La surprise par rapport à la révélation était présente, rendant perplexe et encore plus perdu le blond, celui qui appréciait Draken, un être dont il s'était également rapproché au fil du temps... Alors qu'il avait perdu celui qui sombrait dans les Ténèbres... Aurait aimé l'avoir, lui aussi, tout proche de lui... S'il était jaloux de ceux avec qui le chat noir restait ? Oui. Mais il ne le disait et ne le montrait pas vraiment. Il gardait en lui.

"Oh, voyons, Inupi. Comme si tu avais le moindre secret vestimentaire avec moi."

Oui, il connaissait ses chaussures, ses tenues. Il savait ce qu'Inupi préférait : quelle tenue, les couleurs qu'il préférait porter... Oui, il savait tout cela. Il l'avait observé de loin, lors de sa séparation si douloureuse mais nécessaire avec son ami de toujours. Il l'avait regardé, observé... Il avait envié, jalousé ces hommes qui lui étaient si proches et qui n'avaient pas la faiblesse de Kokonoi. Kokonoi qui se noyait dans l'argent, dans la récolte de billets pour faire croire qu'il allait bien mais ce qui était totalement faux...

"Veux-tu vraiment savoir ce que ça me ferait ? minaudait-il en faisant un clin d'oeil, toujours aussi taquin."

Ce que cela ferait à Kokonoi si le blond était réellement possessif ? Cela lui ferait plaisir. Il se sentirait orgueilleux même, d'avoir assez d'importance aux yeux du chiot pour qu'il ne veuille pas le partager avec quiconque. Même pas avec des êtres qu'il connaissait si peu et qu'il côtoyait plus par dépit que par envie. Lui, il avait perdu de longues années à ne plus être aux côtés de son ami, de son... Oui, ami n'était plus un mot assez fort. Il ne l'avait jamais été. Inupi était bien plus que cela et le noiraud l'avait bien montré en acceptant de mourir à ses côtés, de combattre les deux légendes vivantes, en sachant pertinemment qu'ils ne s'en sortiraient pas tous les deux...

Mais il avait fallu que le chaton soit idiot. Il avait fallu qu'il parle de ce faux-blond, redevenu noiraud. Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi ?! Il grognait intérieurement, il feulait...

"Je n'en sais rien. Il est vivant en tout cas. J'avais été le voir pour savoir si tu étais là ou pas... grommelait-il en croisant les bras."

En plus de monopoliser la conversation, il n'y avait qu'à parler de Draken pour que le blond le lâche, pour qu'il cesse de lui tenir la main. La langue claquait contre son palais et son regard, naturellement perçant, se détournait en maugréant doucement.

"Refaire ma vie ? Je fais simplement ma vie en oubliant les gangs et l'argent. Mais elle n'est pas refaite. Idiot. Comment pourrais-je refaire ma vie alors que mes derniers souvenirs de chez nous, c'était nous deux, au sol, proches de la mort ? grognait le chaton ayant des airs de puma, désormais."

Mais comment faisait-il pour toutes les connaître ? Il était sûr d'en avoir acheté d'autres au fil du temps, lorsqu'il n'avait plus... A cette idée, les souvenirs des moments sans lui revenaient, des moments douloureux. Parce que Kokonoi comptait pour le chiot, énormément, depuis longtemps... Et le blond avait réellement souffert de cette séparation, avait été plus qu'heureux de voir le chat noir l'aider ce jour-là même si... Même s'ils s'étaient fait vaincre. En même temps vu les deux êtres en face... Etait-ce une surprise ? Non.

Ce côté taquin, ce minaudage, ce clin d'oeil... Tout ça lui avait également manqué. Tout. Tout ce qui faisait l'autre jeune homme lui avait manqué. Réellement... Même si... Il le laissait parler, l'écoutait, sa tête bougeant de gauche à droite. Il enregistrait les informations, tout ce qu'il mentionnait, percevait les modifications chez le noiraud, le timbre de voix, les mouvements... Les remarques. Il ne le connaissait que trop bien pour ne pas s'en rendre compte. Un nouveau regard sur cette main lâchée, sur l'autre homme et un très léger sourire en coin apparaissait.

"On pourrait presque croire que tu es jaloux. Sinon, oui, je voudrais bien savoir."

Avant qu'un râle ne quitte sa gorge. Il était bien plus discret que son vis-à-vis grognant par rapport à ses propres ressentis. Ses propres souvenirs étaient identiques, il ne pouvait que comprendre, revoir la scène sans aucune difficulté. Il n'avait jamais eu de problèmes à ce niveau... Ses bras se croisaient, décroisaient, il réfléchissait. Que pouvait-il dire ? Difficile de trouver les mots juste... Difficile aussi de passer outre.

"J'ai les mêmes souvenirs avant... ici. Enfin, nous nous doutions bien que l'on tiendrait difficilement contre eux deux, mais..."

Mais il avait été heureux de le retrouver, heureux de l'avoir près de lui. Heureux que Koko... Dise tout ça aussi... Le ton restait calme, presque neutre. Difficile de réellement lire en lui, en cet être bien plus sociable que ce qu'il ne semblait être. Il passait outre l'idiot, trop habitué à tout ça, observant à nouveau le chaton, observant celui qui était dans un sale état tout de même.

"Pourrais-tu ranger tes griffes ? J'étais juste curieux, chaton dissident. Ou plutôt félin de mauvais poils. D'ailleurs, qu'est-ce que tu t'es fait pour finir ainsi ?"

Un étirement, un autre regard... Pourrait-il un jour lui avouer ce qu'il ressentait réellement pour lui ? A cet homme pour qui il avait fallu longtemps pour qu'Akane soit totalement mise de côté ? A cet être pour qui son coeur battait un peu trop... Celui qui... "Je suis soulagé de t'avoir enfin retrouvé..." Des mots passant la barrière des lèvres, des mots signifiant énormément pour lui. Il reprenait naturellement son observation, souriant toujours très légèrement. Fidèle à lui-même, même si son coeur se serrait à nouveau, que cette envie de sentir, à nouveau sa main dans la sienne restait présente. Camouflée, mais bien présente.

Jaloux, lui ? Oui, tout à fait. Le chat était jaloux d'un être qui n'avait pas à être là et qui l'était. Qui avait assez capté l'attention du blondinet pour que le seul lien physique les accrochant l'un à l'autre, ne soit brisé. Alors qu'il pourrait disparaître. Qu'il avait peur de le voir s'envoler, ne plus être là... Oui, il était jaloux. Intérieurement, il feulait de savoir son blond être concentré sur un autre. Pourtant... Pourtant, les mots avaient été clairs. Ils avaient été nets. Kokonoi était prêt à descendre en Enfer, tant qu'il était aux côtés d'Inupi. Il avait oublié Akane, il s'était focalisé sur le présent, sur la réelle nature de ses sentiments... Mais en récompense, il se voyait être "repoussé" par la simple mention d'un autre homme.

"Pour quelle raison serais-je jaloux ? Ne crois pas que tout tourne autour de toi, Inupi."

Car tout avait tourné autour de sa grande soeur, une fausse cible pour l'esprit du noiraud... Ce dernier observait les bras de son vis-à-vis : croisés, décroisés, le blond était autant sur pile électrique qu'avant. Il était toujours un chiot surexcité. Kokonoi secouait la tête et détournait le regard :

"Rien. Des idiots. Je t'ai dit, j'évite tout ce qui est gang et bagarre mais, par moment, il n'y a pas le choix. La mauvaise ruelle au mauvais moment. Tout simplement."

Ce n'était pas comme avant, comme lorsqu'ils étaient deux amis plus que proches. Ce n'était pas comme quand ils étaient un duo des plus soudés. Ce n'était pas comme quand Kokonoi avait fini par partir. Ils n'étaient ni proches, ni éloignés. C'était... C'était si étrange entre eux, l'air était empli d'une telle lourdeur : que faire, que dire... Jamais ça n'était arrivé entre eux. Jamais. Car ils étaient toujours sur la même longueur d'ondes, ils se comprenaient... Ils étaient prêts à tout pour l'autre. À tout. Tout. Même vendre son âme au Diable. Même à mourir sous les coups des Légendes vivantes de Tokyo... Kokonoi avait, certes, gaspillé de longues années pour la soeur d'Inupi : il s'était perdu dans la collecte d'argent, il s'était perdu dans un océan de mensonges... Il s'était bandé les yeux sur cette horrible vérité, celle où son éducation entrait en compte. Un homme va avec une femme. Sauf que c'était l'homme que le noiraud voulait. Le blond face à lui... Même si son esprit avait modifié, changé sa vision... C'était lui qu'il voulait. Non pas sa soeur.

"Imbécile. lâchait-il sans aucune tendresse."

Malgré la différence de taille, malgré cette voix encore présente - il était si difficile de renier entièrement son éducation -, le noiraud laissait son impulsivité prendre le contrôle. Il venait se caler contre son ami, son... Son quoi ? Son amour d'enfance ? Son Roméo alors qu'il était la Juliette d'un drame bien différent de cette oeuvre anglaise ? Ils auraient sûrement dû mourir, ce jour-là. Ils auraient dû finir en Enfer ensemble, autant à cause des coups que de cet amour si puissant, qui faisait brûler l'être entier du noiraud. Mais ils étaient en vie. L'un avec l'autre. Tous les deux. Ensemble. Kokonoi passait les bras autour du cou du blond, sur la pointe des pieds, le visage enfoui contre son épaule. Qu'il aimait cet homme... De chaque fibre de son être. De chaque particule de son corps. De chaque battement de son coeur.

"Tu m'as manqué, imbécile d'Inupi..."

Il fixait le noiraud, cet être qui osait lui faire cette remarque. Comme s'il pensait être le centre du monde... Sérieusement... Il savait bien que ce qui avait été central pour Koko cela n'avait pas été le chiot qui l'appréciait pourtant depuis le début, mais la soeur ainée de ce dernier. Jusqu'à un certain jour, celui où le duo s'était réellement retrouvé.

Alors oui, il roulait des yeux tout en ayant ses bras qui s'amusaient à se croiser, se décroiser... Bref une pile électrique sur jambes. Il écoutait l'autre homme, haussant un sourcil, se doutant bien qu'il n'allait pas se laisser faire si on lui tombait dessus. Il le connaissait bien assez, mais c'était naturel pour le japonais de s'inquiéter pour lui.

Avant d'entendre l'imbécile.
Sans tendresse.

Oh, il était habitué. Ce ne serait pas son Koko sinon avant d'être tout de même surpris, de le sentir venir contre lui, de sentir ses bras autour de son cou. Un frisson le parcourait, intégralement, parce que c'était agréable de le sentir aussi proche. Agréable et... Il sentait également son souffle dans son cou malgré que sa tête soit sur son épaule. Pourquoi est-ce que cela rejoignait cette zone dans certain cas ?

Heureusement qu'il était plutôt du genre à ne laisser transparaitre que peu de choses. Le plus grand des deux passait les mains afin de le caler un peu mieux, un léger sourire apparaissant malgré tout.

Il avait tant souffert lorsqu'ils n'avaient plus été ensemble...
Tant souffert de cette distance entre eux...
Souffert de se dire qu'il risquait de devoir l'affronter alors qu'il ne le désirait pas.

Non, ce qu'il voulait c'était l'avoir à ses côtés, l'entendre faire ses remarques, ses piques, son côté félin qui se montrait à certains moments. Il trouvait cela ironique lorsque les gens pensaient que c'était le noiraud le sociable, alors que c'était lui.

"Toi aussi, tu m'as manqué."

Il le serrait un peu plus, ne voulait pas le lâcher. Il était la personne qu'il voudrait toujours retrouver, il le savait... Ce noiraud au "doux" caractère était celui qui faisait battre son coeur, même s'il ne lui disait pas, celui qui le faisait passer par toutes les émotions. Il se retenait de faire certaines choses, se retenait de suivre une pulsion...

"Par contre... Je sens ton souffle dans mon cou... Même si ta tête est sur mon épaule"

Un léger rire, pour une fois. Ce n'était pas que ça le dérangeait en réalité, mais... Bon d'accord, c'était agréable ! Sauf qu'il n'allait pas le dire et qu'au vu de ce qu'il faisait, le plus petit - ... et un peu plus à plat que lui, aussi... - ne risquait pas de pouvoir se reculer énormément. Parce qu'il ne voulait pas le lâcher... Il voulait juste le garder tout contre lui, ne plus le voir s'éloigner.

Il voulait l'avoir pour lui. Mais le chiot se taisait... Même s'il avait envie de lui dire, de poser ses lèvres contre les siennes... Même si ce dernier élément avait déjà eu lieu. Enfin, ce n'était pas lui qui l'avait embrassé, plutôt l'inverse, mais cela comptait, non ? Un premier baiser alors qu'il se reposait simplement, qu'ils étaient seuls...

Tout restait en lui, mais il se doutait que son coeur devait battre bien plus vite depuis que le noiraud était là, contre lui, que son odeur lui parvenait, que chaque fibre de son corps lui disait de remonter son menton, de l'embrasser une bonne fois pour toute afin de lui dire qu'il l'aimait.

Mais ils venaient de se retrouver... Il ne voulait pas le perdre à nouveau, le voir fuir si une telle action venait à être réalisée. Inupi le connaissait bien assez depuis le nombre d'années.

"As-tu envie de quelque chose ? Il fermait les yeux, quelques instants, avant que les mots ne suivent ensuite, murmurés plus qu'autre chose tel un secret entre eux deux. Je ne te laisserai plus jamais... Et je compte bien ne plus te voir t'éloigner. La voix se brisant également sur les derniers mots Ne me laisse plus."

Il ne voulait plus le voir partir, loin, sans se retourner... En l'abandonnant en fait. Il se sentait réellement comme un chiot laissé dans une caisse en carton quand il faisait ça !