my head is a jungle (ft. Dazai)

J'me demande comment Daisy a pu vivre autant d'années en ayant l'impression de ne jamais avoir un moment de répit. J'ai la tête comme un seau, j'ai dix kilomètres de cernes, et je n'ai aucune foutue réponse à mes questions. Les fantômes, ça craint. Ils sont effrayants, bruyants, donnent des traumatismes, et en plus, ils ne servent à absolument rien, à part m'attirer des ennuis. Je me demande si j'aurais été plus sage si j'avais été comme tout les autres. Mais je suis Galaxy Stern, et visiblement, je ne suis pas vouée à avoir une petite vie normale et paisible. D'un côté, je l'ai un peu cherché. A Yale, on m'a proposé un semblant de tranquilité. SI j'avais écouté le Doyen, j'aurais juste pu continuer à vivre ma petite vie, profiter de la magie d'Orange Street pour être enfin seule, sans fantôme. Et j'en aurais rien eu à foutre de Darlington. Mais je suis pas vraiment reconnue pour écouter ce qu'on me dit, encore moins quand je suis persuadée de mon intuition.

Et comment aurais-je pu totalement abandonner Darlington ? De la même manière que le soir où il s'est fait bouffer par cette créature, Alex : en ne faisant rien car tu te pensais légitime de le laisser mourir pour ce qu'il avait découvert. A cette pensée, je grogne légèrement alors que je continue à marcher dans les rues à toute vitesse. Je n'ai pas envie de m'attarder sur un fantôme et qu'il croit que je vais répondre à ses demandes. Je manque de sommeil, ce monde est toujours aussi perturbant, et mon cerveau ne cesse de me poser des questions. Night City est un lieu obscur, contrôlé par des personnes qui n'auraient jamais dû se retrouver au pouvoir. Enfin, soyons d'accord, c'est le cas de beaucoup de villes dans beaucoup de mondes. Mais pour le coup, le chaos n'est même pas dissimulé.

Je ne remarque que trop tard le silence. Ce n'est que quand j'entends à nouveau des murmures incessants que je réalise que quelques secondes auparavant, il n'y avait aucun fantôme. Oh merde. Je viens de trouver une zone avec des protections ? Je reviens sur mes pas, mais le bruit reste identique. C'est pas vrai, bordel. Alors, je me remets à avancer avec précipitation ; il y aura bien un moment, une micro seconde, où les morts ne seront plus dans mon champ de vision. Désespérée, je pose mon front contre un mur d'un bâtiment, maugréant en ladino. Ma grand-mère doit certainement se retourner dans sa tombe.

Puis, de nouveau le silence. Je relève la tête, regarde autour de moi. Je n'ai pas changé de place, mais je remarque un individu avec un sourire... Peu rassurant. Mais on va dire que je lui accorde le bénéfice du doute, car mon cerveau arrive enfin à se détendre.

-Si c'est pour une séance de spiritisme, c'est pas possible, je prends congé.

Down with my demons

"Non, pas là ! Ah ! De l'autre côté ! Aaaaah, idiot ! Mais ce sont les touches qui déconnent ou ?!"

Voilà à quoi passait son temps celui qui voulait créer une nouvelle Mafia. Aux jeux-vidéos. Enfin, ça changeait un peu de la roulette russe improvisée dans l'appartement - et interrompue par Chuuya - ou le jeu de l'équilibriste sur les rambardes des ponts - le gentil monsieur devait encore en avoir des palpitations - ! C'était un peu moins mortel, hormis pour les pixels et pour la patience du brun qui était mise à rude épreuve lorsque, par malheur, la console décidait d'être rebelle et de ne pas suivre ses instructions... Oui. Tout était toujours la faute de la machine. Pas de lui. Lui, il était génial. Génial au point d'être invaincu aux jeux de combat ! Enfin, bref, là n'était pas la question.

"Changement de caméra débile ! En plein saut ! Qui est le glandu qui a codé un jeu aussi mal ?! sifflait-il en fermant rageusement la console et la fourrant dans les poches de son manteau."

S'il avait sauvegardé ? Non. S'il allait râler en le voyant ? Oui. Au pire, il dira que tout était la faute de Chuuya et il s'en sortirait avec un simple Huuuuh ?! du coupable n'ayant rien à voir avec cette affaire vidéo-ludique. Enfin ! Enfin, enfin, enfin ! Dazai avait autre chose à faire ! S'il voulait pouvoir faire ses petites affaires de Mafieux, il fallait des alliés et, surtout, il fallait avoir des gens du "Bien" de son côté ! Il avait du se débrouiller tout seul - c'était que le roux prenait du temps, à Tokyo, cet imbécile, goujat, inutile ! AH ! - pour trouver des informations, trouver la petite perle rare et trouver, finalement, une détective... Un détective, c'était bien. Ça permettrait de dénicher plus facilement des informations ! Surtout qu'ils travaillaient souvent à la commission... Entre sa rentrée d'argent assez importante en tant qu'exécutive, le compte en banque à peine entamé de Chuuya... Ils étaient plus que riches et, réellement, n'importe quel détective baverait d'avoir de tels clients, avec des comptes en banque à en faire pâlir de jalousie Crésus lui-même.

Ainsi, avec l'argent, avec le partenariat avec un détective... Oh oui, ils sauraient tout ce qu'il faut sur les personnes qu'ils veulent et ils en feraient leurs petites marionnettes, ils pourront savoir tout et n'importe quoi sur n'importe qui, faire chanter les hautes sphères... Il en jubilait d'avance ! Mais bon, pour ça, il fallait trouver la personne et Dazai n'avait que quelques photos - où était la balle de fusil sur commande lorsqu'il avait besoin de lui pour faire des allers-retours en ville ?! - et il n'avait que ses petites pattes pour lui permettre de tomber sur la personne en question ! Oui, il avait une voiture. Non, elle n'avait pas foncé dans un poteau. Non, il n'était pas mauvais conducteur... Bref ! Il était à pattes et, par miracle, il finissait par trouver la détective en question... Souriant, il s'approchait tout en restant à bonne distance... À sa remarque, il haussait les sourcils : avait-il l'air du genre à croire aux fantômes ? Enfin, ça se pouvait mais voyons...

"Oh non, non, non ! Même si j'y croyais, je pense que cela me serait totalement inutile ! riait-il en faisant un petit mouvement de la main. À part me dire qu'ils auraient préféré que je meurs à leur place, les fantômes que je traîne, ne doivent pas être très intéressants !"

En espérant que le fantôme de Randô hantait Chuuya et non lui, c'était à lui qu'il s'était confié et à qui il avait dit de vivre, blablabla... Lui, il avait peut-être l'ancien Boss ? Mais il ne le connaissait même pas... Et les multiples victimes de Soukoku, il se demandait si elles le suivaient lui ou si elles fixaient Chuuya pendant qu'il dormait... Oooh, ce serait marrant de lui dire, ça tombait, il allait faire dans son froc en dormant !

"En fait, j'aurais besoin de vos services. demandait le gamin de 18 ans. J'ai les moyens, bien entendu ! J'ai même assez pour que vous n'ayez pas à vous inquiéter de vos dépenses pendant une année !"

Il avait bien proposé ce marché à Akutagawa. Il pouvait donc se permettre de l'offrir à d'autres, si cela servait ses intérêts !

"J'ai un projet. Un graaand projet ! - les orbes rouges brillaient, même si une était cachée sous le bandage, de cette impatience, de cette envie d'être le Boss de sa propre Mafia, d'être le chef ! - Mais pour arriver à mes fins, il faudrait que j'ai des informations sur des personnes... Assez importantes et dites intouchables, voyez-vous."

De l'impatience, l'éclat dans ses yeux passait à une interrogation presque infantile, un regard un peu interloqué, nuancé par une légère provocation : personne n'aimait voir ses capacités être mises en doute.

"Enfin, si c'est dans vos cordes."

C'est dans ce genre de moment qu'il est compliqué de ne pas retomber dans la drogue. Profiter juste d'un peu de silence, de tranquillité. Pas d'ennui. Pas de fantôme. Pour une fois, un peu de normalité dans ma vie. Mais si je suis honnête avec moi-même, la drogue ça n'a toujours été que momentané pour m'aider avec les fantômes. Ceux-ci sont toujours plus forts que tout les produits chimiques et même si j'essayais de toutes mes forces, je ne pourrais jamais oublier ce que j'ai vu, ce que j'ai senti. Putain de papillon de merde. Même dans mon sommeil ça me hante. La dernière fois que j'ai pu pieuter tranquillement ? Allongée dans un lit d'hôpital, après avoir tué trois personnes. Je recommande fortement. Et avec tout ça, j'ai pas encore fait un seul voyage en Enfers comparé à Darlington. Comme quoi, même la mort c'est mal branlé.

-Si vous pensez que les fantômes ont que ça à foutre de vous suivre, vous en avez jamais vu, je dis avec un petit sourire tranchant.

Je profite du répit après des jours à me taper des migraines et à échapper aux tentatives de possession, bien que le répit est de très courte durée. Bien sûr. On ne me cherche jamais pour rien. Je me sens un peu comme Barbie. C'est toujours "C'mon Barbie let's go party" et jamais "Barbie how are you ?". C'est toujours "Eh Alex, fais quelque chose. Ou plutôt, ne fais rien." et jamais "Alex, ça fait quoi de toujours prendre des coups pour les autres ? T'es sûre que tu ne souffres pas d'une constante culpabilité pour ce que tu as fait et encore pire, ce que tu n'as pas fait ? Comment est l'image de Darlington dans ta mémoire, récemment ?". J'crois que je commence à dérailler, en fait. Je passe une main sur mon visage qui doit certainement refléter à quel point les nuits sont courtes, à quel point y a quelque chose de pas nette avec moi tout en écoutant les simagrées de l'inconnu. Ouais, j'ai encore tiré le gros lot. Mais il propose de l'argent... Et mieux, encore. L'argent c'est pas mon premier souci. On va dire que j'ai appris à me débrouiller (comprenez : à voler) et je peux encore tolérer l'odeur de mes vêtements. Ou j'ai peut-être le nez bouché ? Par contre, je ne peux pas m'empêcher de pousser un petit rire ironique à sa dernière phrase.

-Ecoutez, j'ai l'air d'une toxico qui n'a pas eu de dose depuis trois jours et qui est gravement en manque. A moins que vous ayez déjà entendu parler de moi, vous ne seriez pas venu me voir pour juste taper la causette et glisser dans le tas que vous avez besoin d'aide pour accomplir un "graand projet", je dis en l'imitant tant bien que mal pour les derniers mots. Je veux pas de votre argent. Je veux pas non plus faire totalement partie de votre projet, j'en ai d'autres que j'ai déjà du mal à gérer. Par contre, un service pour un service... Je peux le faire. Par contre, j'me lance pas dans quelque chose avant d'en savoir les tenants et aboutissants. Je suis plus chaleureuse après un café corsé, aussi, je rajoute avec intérêt.

Ma conscience me demande dans quoi je me fourre encore, mon cerveau réfléchit à toutes les possibilités pour que ça tourne mal et mon coeur me répète toujours la même chose : tu perds du temps au lieu de sauver Darlington. Mais je suis fauchée, j'ai besoin d'un repos et de plus d'informations sur le reste de ce monde de fou.

Down with my demons

Ah. Elle était moins facile à emberlificoter que Chûya. Et les autres péquins qui tombaient tout de suite lorsqu'on parlait d'argent... Ah ! Ça, c'était enfin intéressant ! En espérant que le défi était réellement à la hauteur et que ce n'était pas juste de la poudre aux yeux... Le brun serait très frustré de se jeter à corps perdu dans cette nouvelle épreuve pour se rendre compte qu'en deux-trois phrases bien tournées, il avait gagné le gros lot. Même les machines à sous étaient moins sympathiques que ça et il fallait plus que de doux mots susurrés à l'oreille pour les convaincre.

"J'ai rencontré un mort-vivant qui voulait ma peau, ça compte ? demandait-il avec une moue faussement innocente."

Les fantômes n'existaient pas, il en était certain. Ou alors, sa vie serait bien plus misérable qu'elle ne l'était déjà : combien de personnes voudraient se venger de celui qui leur avait pris la vie sans sourciller ? Combien de ses sous-fifres décideraient de se venger du mauvais traitement qu'il avait pu leur faire subir ? Le brun était conscient d'être un monstre poussé par la cruauté et le sang... Alors, si les fantômes existaient, il serait maudit pour des années, voir pour l'éternité... Le seul avantage ! Ce serait de faire croire au roux qu'il était suivi par le fantôme de Randô et d'autres imbéciles ! Ah oui mais non, le roux penserait alors que les Flags pouvaient l'observer... Hmpf, cruel mais pas au point de jouer avec ça.

Enfin, ça, ce serait pour le retour du roux, en attendant, il devait convaincre la future pièce de son échiquier d'être le pion qu'il souhaitait dans sa partie contre le monde entier : légal ou illégal ! Allant et venant entre les émotions, le regard rouge brillait toujours d'une émotion différente, ponctuant ses mots qu'il choisissait avec soin et écoutant, avec tout autant d'attention, les réponses - enfin, la longue réponse - de son interlocutrice. Que pourrait-il offrir, autre que de l'argent - et un café, mais il doutait que le café soit le service qu'elle attendait - à une femme dont il ne connaissait presque rien ? Avant, il avait la Mafia pour lui permettre d'entrer en contact avec ses nombreuses relations et offrir ce que les gens voulaient... Maintenant, il n'avait que sa cervelle et les poings de Chûya.

Génial ! C'était purement génial ! Il riait doucement :

"Ah, c'est tellement plus marrant lorsqu'il faut négocier ! Vous ne savez pas le nombre d'imbéciles qui lèchent les bottes dès que l'on parle d'argent ! - l'adolescent riait avant de réfléchir - Disons que ce n'est pas une conversation à tenir en présence d'un public un peu trop curieux. Je vais donc prendre le temps de vous expliquer mon projet, ici même, puis je vous laisserai y réfléchir le temps qu'on aille vous prendre un café. - lui, ce sera un whisky, le café, très peu pour lui ou un saké, ça lui manquait - Et vous m'expliquerez ce que vous attendez comme service en échange des vôtres. Attention, même si j'annule les pouvoirs des autres, je n'ai pas la capacité de créer des miracles, je ne suis pas un génie !"

Le japonais mettait ensuite les mains dans ses poches, fixant la femme de son unique oeil :

"En somme, je veux simplement créer une Mafia. Mais pour se faire une place, il faut faire tomber les plus gros ! Et pour les faire tomber, il faut tout savoir de leurs petits secrets, en allant de la maîtresse illégitime, au petit bâtard à la couleur des sous-vêtements qu'ils portaient la veille !"

C'était tellement convaincant, un gosse de dix-huit ans, parlant de créer sa Mafia... Sans savoir que sous ses atours sombres, sous ses bandages, le gosse en question était un réel monstre, ayant engrangé plus de la moitié des revenus annuels de son ancienne Mafia.

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Mer 7 Sep 2022 - 19:11

Si on vous propose de l'argent facilement, c'est qu'il y a une entourloupe. J'ai passé assez d'années à accepter l'argent qu'on me proposait de cette façon pour savoir que ça n'apporte rien de bon, si ce n'est des traumatismes en plus et la possibilité d'acheter de la drogue pour oublier lesdits traumatismes. A une époque j'aurais pu dire oui et juste me contenter d'accomplir sa requête mais on va dire qu'entre temps j'sis morte une fois et que j'ai connu Yale. L'université, ça change quelqu'un. Surtout quand on a l'impression de rejoindre une secte sataniste... Mais avec l'obligation d'étudier en prime. Je me souviens très bien du regard de jugement de Darlington quand il a compris que toutes mes connaissances je les tirais de n'importe quoi sauf des bouquins.

-Non, ça ne compte pas. Les mort-vivants n'ont pas la capacité de se montrer cruels comme les fantômes, je réponds en penchant légèrement la tête.

Ceci dit, il pique ma curiosité en avouant avoir déjà vu un mort-vivant. Mais je suis sûre que je les trouverai moins flippants que les fantômes. Notamment parce qu'on peut les buter, or, pour renvoyer les fantômes d'où ils viennent... Il faut soit résoudre leurs soucis, soit espérer que la magie fonctionne. Dans les deux cas, on dirait juste Ghost Whisperer sans fin heureuse. Quoique... Son mari crève, non ? A partir de là je sais pas si on peut dire qu'il y a vraiment une fin heureuse. Est-ce qu'on peut se contenter de dire qu'en fait, voir les fantômes, ça craint ? Oui ? Merci. De toute façon, je vous demandais pas votre avis vu que vous ignorez ce que ça fait. J'examine un peu plus l'individu devant moi, de son oeil rouge jusqu'à ses bandages et je me dis que j'ai encore à faire à un énergumène. Je suis pas tellement douée pour savoir qui est fréquentable mais je sais ce que je vais avoir : des ennuis. Sauf que je suis particulièrement douée pour résoudre mes ennuis avec d'autres, donc il apparait comme une sorte de solution. Sans fantômes. Sans voix qui viennent m'importuner ou avoir de sueurs froides en sentant un contact glacial. Rien que pour ça, je peux lui accorder le bénéfice du doute. Puis c'est pas comme si je n'avais déjà pas les mains crades.

Je veux bien accepter beaucoup d'idées farfelues. Franchement, quelle nana dit oui pour aller à Yale juste car elle peut voir les fantôme ? Mais là, je ne peux pas m'empêcher de pouffer de rire. Pardon ? Créer une mafia ? Je crois que je manque même de m'étouffer avec ma propre salive.

-Créer une mafia ? Juste ça ? Harlan n'a déjà pas assez de problèmes ainsi ? je demande de façon rhétorique en secouant ma tête. Est-ce que quelqu'un vous a au moins dit que c'était une mauvaise idée ? Il me manque peut-être quelques cases mais je ne suis pas encore suicidaire. Vous avez vraiment juste proposé de l'argent pour que d'autres personnes acceptent ? J'crois que tout compte fait, je préférais quand je voyais des fantômes, ils me racontaient moins de conneries, je finis par dire en passant une main sur mon visage. Et vous me proposez aussi un aller-retour en Enfers ? Ça me serait directement plus utile. Je sais qu'il faut combattre le mal par le mal, mais j'suis pas tellement sûre de cette technique.

My head is a jungle

Ah bon ? Les mort-vivants n'étaient pas cruels ? Dazai avait pourtant cette magnifique cicatrice sur le torse lui rappelant son ancien boss - celui avant le précédent - et son envie irrésistible de le tuer. Mais bon ! Était-ce de la cruauté ou simplement les envies folles de Randô ? Oui, ça ne devait être que de la faute du pseudo-nécromancien. La cruauté n'était pas un simple coup de faux - ou semblant de faux ? - sur le torse. C'était un vrai poison. C'était de la douleur psychique, rendant toutes les autres douleurs infimes en comparaison à ce que l'être cruel pouvait faire ressentir. Dazai, il ne connaissait aucun fantôme. Il ne connaissait aucun esprit hantant les couloirs de sa vie, sa pièce de vie ou de sommeil... Non, il ne savait pas ce que cela faisait et... En un sens ? Il s'en fichait un peu. Il était bien en vie et ce qu'il ne savait pas, ce qui ne le menaçait pas, ce n'était pas un problème à régler. Ce n'était... Que rien du tout en fait !

Le japonais expliquait son idée, son plan... Ce projet qui était le sien. Cette mafia, sa mafia. La Mafia Portuaire aurait dû lui revenir alors, n'était-ce pas simplement un héritage qui le revenait bien avant la mort de Mori ? Oui, on pouvait le voir comme ça... Et venant d'un adolescent de dix-huit ans, cela devait sonner comme la pire des blagues au monde. Ce n'était pas pour rien que sa vis-à-vis pouffait. Dazai souriait en coin, amusé par ce qu'il se passait, par ce qu'il entendait.

"Sincèrement, les pseudo-gangs de Harlan n'ont rien à voir avec ce qu'est une vraie Mafia."

Il glissait ses mains dans les poches de son manteau, son regard se posant sur la jeune femme en souriant toujours. Une mauvaise idée ? Non, toutes ses idées étaient géniales. Il avait tous les atouts en mains : lui et Chûya. Le stratège allié à l'être le plus puissant existant.

"Non. Pour la première question, c'est difficile de me dire que c'est une mauvaise idée alors qu'elle vient de moi et que le second concerné par cette idée, a aussi été éduqué au sein même d'une Mafia. - il hochait la tête, toujours aussi sûr de lui - Les gens acceptent l'argent pour le commerce essentiel dont doit faire preuve une Mafia car, sans commerce, aucune offre, aucun apport financier. Mais ça, c'est un plan que j'ai déjà mis en place. Il était assez efficace à Yokohama, il n'aurait qu'à être modifier pour ici."

Nonchalant, il se mettait à faire de grands pas pour arriver face à la femme et marcher à reculons s'il le fallait. Si elle croyait que c'était une blague, c'était parce qu'elle n'avait pas tous les arguments.

"Je ne raconte pas de conneries et les Enfers, c'est bien trop chaud. Je suis sûr qu'on y grillerait sur place ! - il retirait une main de ses poches pour la secouer un peu - Moi, c'est juste la réalité. Pourtant, je suis suicidaire ! Mais là, c'est un réel projet. Celui d'une vraie Mafia pour défaire celles qui se croient importantes, créer un équilibre comme celui que connaissait Yokohama grâce à l'alliance entre le gouvernement et la Mafia. Un monde parfait, avec seulement des gentils, c'est impossible. Mais un monde équilibré, où le Mal et le Bien coexistent et s'allient... Ça, c'est possible ! Trois ans que je travaille dans un système tel que celui-ci. Croyez-vous toujours que c'est une absurdité ? Ou que ce projet en vaut la peine ?"

Ven 13 Jan 2023 - 18:09

-En attendant, ce sont quand même eux qui dirigent chaque parcelle de ce monde, je dis avec une touche d'amertume.

Quand on voit des fantômes dès l'enfance, on apprend vite que le monde craint. Surtout quand le fantôme d'un pédophile hante votre école primaire. Le monde d'où je viens est loin d'être parfait, mais par bien des aspects, Harlan est un monde violent, terrifiant et inhumain. Si la pollution rend les conditions de vie déplorables, le plus nuisible reste les gangs et ceux au pouvoir ; ce dernier point, j'aurais pu le dire aussi de mon monde. Les actions du doyen de Yale me restent toujours un peu en travers de la gorge ─ il a juste tenté de me tuer trois fois, après tout. No big deal. Mais ici, rien n'est dissimulé. Tout est réglé par la peur, les menaces et la crainte de chacun de voir sa vie s'achever par un coup ou une drogue.

L'idée d'une mafia est une mauvaise idée. Je le maintiens. Cependant... Il faut savoir combattre le mal par le mal. Et il ne peut pas y avoir de changement sans renversement de pouvoir, sans un nouvel élément qui puisse permettre un retournement de situation. Alors, c'est une mauvaise idée, et je sais d'avance que ça risque de se finir très mal. Mais l'idée de permettre à Harlan de respirer un peu... et les fantômes m'ont déjà murmuré assez de choses quant à ce qu'ils ont vécu. Il se passe des choses dans l'obscurité dont personne n'ose parler sauf les morts, et jusqu'à présent, la seule personne capable de les voir répond au nom de Galaxy Stern. Je finis par soupirer et secouer ma tête, ne bougeant pas d'un poil. Il ne va certainement pas m'impressionner ; il est vivant, je suis solide et habituée à devoir sortir mes poings pour m'en sortir.

-Harlan ne pourra jamais connaître cet équilibre. Mais il n'est pas impossible d'au moins un peu changer la donne. Je ne dirais pas que je crois en votre projet, mais je dirais qu'il vaut peut-être la peine que je m'y investisse. Mais pas entièrement, je précise avec un air sévère. On va dire que je préfère être un extra plutôt qu'une vraie membre. Les morts sont assez bavards sur ce monde et je suis d'avis qu'en finir avec certaines personnalités d'Harlan ne serait pas plus mal. Mais j'ai aussi d'autres priorités.

Sauver Darlington des Enfers, l'aider, m'excuser, y a peut-être même le projet de l'embrasser sans qu'il ne souffre de l'effet d'une des maisons de l'université. Enfin, si je survis à nos retrouvailles et qu'il ne me tue pas dès qu'il me verra étant donné que je l'ai un peu foutu dans ce pétrin. A cette idée, une petite moue apparait sur mon visage. Et si on survit, qu'il me laisse en vie et que je lui annonce que je me suis engagée dans une mafia, certes pour un but plus ou moins noble mais qui ne m'empêchera pas d'avoir les mains tachées de sang... Oof. Je vais peut-être le... Non, tu te mens, Alex.

-Si ce n'est pas suffisant, alors partez de suite et cette discussion ne se sera jamais produite.